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Un peu d'histoire
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Lie Tseu ou Lie Yu K'eou est l'auteur du "Tchoung
hiutchen King", qu'on peut traduire par le "Vrai
Classique du Vide Parfait". Le titre date seulement
de 732 après Jésus-Christ et il eut l'honneur
d'un édit impérial qui fixait ainsi définitivement
son appelation. La biographie de
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notre auteur n'est pas riche en renseignements ; la majeure
partie provient du livre même où nous sont
décries presque entièrement ses conditions
de vie, depuis l'époque où, jeune disciple,
il suivait l'enseignement d'un Maître.
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Cependant, au XII siècle, le lettré Kao
Seu-souen et après lui, Tsiao Houng (1541-1620) devaient
nier jusqu'à son existence. Ils le considéraient
comme un personnage allégorique inventé par
Tchouang Tseu, le dernier des grands philosophes du taoïsme
classique.
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Extrait du chapitre 2 : Genèse
des mondes
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Maître Lie Tseu dit :"Les anciens *cheng-jen
voyaient dans lumière et ténèbres (Yang
et Yin) les principes régulateurs du monde. Or, tout
ce qui a un corps naît de l'incorporel : ainsi d'où
serait né le monde ? C'est pourquoi je dis : il y
eut une grande Mutation,
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un grand Commencement, une grande Genèse, une grande
Création Originelle. La Mutation (est l'état
dans lequel) la force ne se manifeste pas encore. Le grand
Commencement est la genèse de la force. De la grande
Genèse naît la forme. La
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matière jaillit de la grande Création Originelle.
L'état dans lequel force, forme et matière
n'étaient pas encore séparées est dit
Chaos. On appelle Chaos l'état dans lequel les dix
mille êtres étaient confondus et ne s'étaient
pas encore séparés."
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Chapitre 9 : Le vide
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Quelqu'un s'adressa au philosophe Lie Tseu et lui demanda
: "Pourquoi tenez-vous le vide en si grande estime
?" Lie Tseu répondit : "Le vide n'a que
faire de l'estime.
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Si l'on veut être sans nom, rien ne vaut le silence,
rien ne vaut le vide. Par le silence et le vide, on atteint
ses demeures. Mais celui qui prend, celui qui donne perd
ses
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demeures. Quand les choses de ce monde se gâtent,
il y a des gens qui s'évertuent à vouloir
les réparer au moyen de la vertu et des devoirs,
mais bien en vain !"
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Livre second Houang Ti - Chapitre 11 :
Les Mouettes
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Des enfants qui vivaient au bord de la mer, aimaient les
mouettes. Chaque matin, ils allaient jouer avec les mouettes
et d'autres mouettes arrivaient, par centaines et plus encore.
Leur père leur
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dit : "J'ai appris que les mouettes jouent avec vous.
Attrapez-en quelques-unes pour que je puisse m'amuser avec
elles." Le lendemain, quand ils allèrent au
bord de la mer, les mouettes développèrent
leur
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pantomime (dans les airs), mais sans descendre. C'est pourquoi
il est dit : " Le discours parfait est sans paroles,
l'acte parfait est de ne pas agir. Ce que tous les sages
savent est peu profond."
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Livre second - Houang Ti - Chapitre 19
: L'homme et les singes
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A Song vivait un amateur de singes. Il aimait les singes
et en possédait tout un troupeau. Il était
capable de comprendre leurs désirs et les singes
(de leur côté) comprenaient leur maître.
Il restreignait sa propre nourriture pour satisfaire les
singes, mais survint une disette et il dut diminuer la nourriture
des animaux.
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Cependant, craignant que ceux-ci ne se rebellent, il leur
dit tout d'abord avec ruse : "Si je vous donnais le
matin trois châtaignes et le soir quatre, cela suffirait-il
?" Tous les singes se levèrent furieux. Se ravisant,
il dit alors : "Soit, vous aurez le matin quatre châtaignes
et le soir trois. Sera-ce suffisant ?" Les singes se
couchèrent
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satisfaits. C'est ainsi que les êtres, les uns habiles,
les autres sots, se dupent les uns les autres. Le chen-jen
dupe, grâce à son intelligence, la foule des
sots de la même façon que fit l'amateur de
singes qui dupa ceux-ci. Sans changer le nom ni la chose,
il sut les rendre furieux, puis joyeux.
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Livre sixième - Sur le destin -
Chapitre 13 : Comme avant
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Parmi les gens de Wei vivait un homme du nom de Wou de
Tong-men. La mort de son fils ne l'affligea en aucune façon.
L'intendant de sa maison lui dit : "Nulle part dans
le monde, on ne trouverait
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personne qui aimât autant que vous votre fils et,
maintenant qu'il est mort, vous n'en ressentez aucune tristesse.
Est-ce possible ?" Wou de Tong-men dit : "Il y
eut un temps où je
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n'avais pas de fils : à cette époque, je
ne ressentais aucune tristesse. Maintenant mon fils est
mort : je suis revenu de nouveau au temps où je n'avais
pas d'enfant. Pourquoi serais-je triste ?"
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